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13/06/2009

Apparition du soir, espoir?

    Cela fait longtemps que je regarde autour de moi comme Mme Bassieux regardait ses cailloux (voir note ci-avant). C'est même pour cela que cette petite dame m'avait interpellé. Cousins en divination, nous étions. Je propose cette fois cette figure qui se leva un soir sur l'horizon au cours d'un séjour à 1200 mètres dans le Cézallier... Et légèrement redessinée à Paris sur l'ordinateur, comme d'un léger coup de pinceau mouillé d'encre virtuelle...

NuageRedessiné-Lascombes,Ma.jpg
Photo numérique modifiée, Bruno Montpied

07/06/2009

Un mutique rasta

    Ci-dessous deux états d'une même tache trouvée au départ sur le bitume du côté de Brioude en 2007. Etat brut en haut, état plus "travaillé" en dessous.

Le Mutique,tache dans le goudron, ph.B.Montpied, 2007.jpg

Le Mutique

Le Mutique un peu rasta, photo modifiée numériquement,B.Montpied, 2009.jpg
Le Mutique un peu rasta, photos B.M., 2007

23/05/2009

Un étroit chemin

           Un étroit chemin pour cette ombre qui me ressemble comme un frère, la route que je suis sans doute au milieu de tous et que je sens peu fréquentée...

masque d'où sourd une ombre,photo numérique modifiée,Bruno Montpied,fév 09.jpg
Bruno Montpied, Masque d'où sourd une ombre, image numérique modifiée, février 2009

21/05/2009

Alain Garret le foisonnant

                      Au Musée de la Création Franche, dans la collection permanente, que l'on découvre toujours par fragments, au gré des réaccrochages au premier étage du bâtiment qui dépendent de la surface occupée par les expositions temporaires, il arrive que l'on découvre des oeuvres de créateurs inconnus au bataillon et que l'on souhaite en savoir plus. Cela m'arrive régulièrement d'être particulièrement attiré par tel ou tel inconnu. Je cherche alors à en savoir plus auprès des animateurs du musée. Je déplore en même temps que le musée n'accorde pas davantage de lumière à ces créateurs-là. Tel est le cas par exemple du peintre Alain Garret, installé à Bordeaux. Et voici la lettre que je lui ai envoyée en retour aux images qu'il m'envoya suite à ma demande d'en savoir plus.

Alain Garret,La diligence de Gustave, Musée de la Création Franche.jpg
Alain Garret, La diligence de Gustave, Musée de la Création Franche, Bègles, ph.B.Montpied, juil 2008 
   "Alain Garret,
    J'ai enfin pris connaissance des photos que vous m'avez envoyées si aimablement.
   Elles corroborent totalement l'impression que j'avais ressentie la première fois que j'avais découvert de vos peintures au premier étage du musée de la création franche.
    Votre création a quelque chose de parfaitement original, de véritablement neuf, dont je suis personnellement assoiffé.
    Ce sont surtout les toiles (pourquoi les appelez-vous des "canevas"?) où le sujet n'est pas particulièrement lié à une question d'actualité ou un sujet trop couru (comme "la descente de Croix" entre autres...) qui détourne l'image de sa pente inconsciente, qui me touchent et me remuent. Votre pente inconsciente est beaucoup plus impressionnante.
Alain Garret, Marina,2009.jpg
Alain Garret, Marina, 55x65 cm, 2009, ph.A.Garret


    Je trouve que votre propension à peindre en vous évadant du rectangle de la toile, en mordant, en vous étalant sur la baguette de cadre est une excellente idée qui va loin (il ne faudra pas la laisser perdre, c'est une signature). On dirait que vous signifiez au spectateur votre volonté de ne pas vous limiter aux cadres, aux limites de l'oeuvre, à l'art pour l'art au sens traditionnel (les marchandises esthétiques limitées) et que votre ambition vise au delà, à répandre votre geste artistique dans l'univers entier...! C'est cette fusion de l'art avec la vie que notre modernité dans ce qu'elle a de plus fécond et excitant (surréalisme, situationnistes, art brut...) a recherchée au XXe siècle.

Alain Garret, sans titre, 2008.jpg
Alain Garret, sans titre, 120x60 cm, 2008, ph.A.G.


    Vos oeuvres répondent à une recherche que je partage totalement avec vous, essayant de la mettre en action dans ma propre peinture (sans je pense y parvenir aussi directement que vous, faute à un certain savoir-faire par exemple dans le rendu des volumes), à savoir, le télescopage - je ne trouve pas d'autre mot plus adéquat, sur le moment - de plusieurs registres d'expression, réaliste, figuratif, abstrait, imaginiste, sur le même plan. C'est cette recherche d'image-là qui explique que personnellement, dans ma militance pour les arts spontanés, je ne privilégie pas l'art brut face à l'art naïf, souvent méprisé par rapport au premier par les orthodoxes de l'art brut. Dans l'art naïf, ce que l'on ne veut pas retenir (ou bien lorsqu'on le retient, c'est pour accabler l'art naïf, accusé d'être moins inventif que l'art brut), c'est la référence au réel, à la réalité rétinienne, comme disait Marcel Duchamp, qui est maintenue (tandis que l'art brut rassemble des créateurs davantage orientés vers l'informel, l'ornementation pure, l'abstraction automatique, bref, vers des représentations non rattachées à la réalité extérieure).

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Alain Garret, La gitane, 65x50 cm, 2007, ph.A.G.


    Devant vos tableaux, j'ai l'impression d'assister à un spectacle mouvant. C'est une sensation qui me ravit profondément. L'oeil passant, grâce à des transitions dont vous avez le secret, d'un registre d'expression à l'autre très contrasté (d'ordinaire...), la mémoire sollicitée à des niveaux différents, il en résulte un tourbillon, une mise en mouvement de l'esprit, tout à fait excitants... Vous organisez un va-et-vient de la réalité "intérieure" (l'univers imaginaire construit dans l'espace de la peinture, conçue comme disait Fernand Léger comme une "réalité en soi") à la réalité extérieure, va-et-vient qui crée le dialogue entre les deux réalités, permettant l'enrichissement et la subversion de l'une à l'autre... Alors que les créateurs qui ne prennent en charge qu'une seule des réalités risquent de s'enfermer dans un monologue qui à terme débouche sur une sclérose.

Alain Garret, St-Michel terrassant 1 dragon picassien.jpg
Alain Garret, Saint-Michel terrassant 1 dragon picassien, ph.A.G ; à noter que le titre de cette oeuvre résonne aussi comme un manifeste pictural... 

 
    Le dessin chez vous naît de la couleur. C'est la couleur laissée libre avec ses contours vaporeux - ce qui assure sans doute les transitions entre les différentes zones de l'image -qui fait le dessin des formes. Les matières non cernées, les couleurs chatoyantes, variées, souvent chaudes, que vous privilégiez me donnent la confirmation que la couleur, dans son usage bariolé, n'est pas forcément à bannir en peinture (ceci est un petit clin d'oeil envoyé à l'ami Gilles Manero). Je sens que vos tableaux ont gardé le souvenir de plusieurs écoles artistiques tout en opérant une synthèse très désinvolte entre elles, et libre donc, qui n'oublie pas l'humour.
      Je vous félicite en conséquence et m'incline chapeau bas.
"

(E-mail remanié d'après celui que j'ai envoyé à l'artiste le 14 mai 2009, Paris)

 

28/04/2009

Causerie pour situer François Michaud parmi les autres environnements spontanés

    "François Michaud, première trace des environnements spontanés populaires. Sa proximité avec les autres créateurs autodidactes de son temps, et ses successeurs au XXe siècle. L'environnement spontané, un art de l'immédiat à part entière, illustré par de nombreux exemples choisis en France", tels sont le titre et les sous-titres de la causerie que je vais être amené à faire à la Maison de la Pierre, à Masgot même, dans la Creuse, berceau de l'oeuvre de ce tailleur de pierre, créateur du plus ancien des environnements spontanés qui nous aient été conservés en France, puisque commencé dans les années 1850-1860 et achevé sans doute avec la mort de son auteur en 1890 (il était né en 1810, ce qui en fait un phénomène de longévité en ce XIXe siècle impitoyable pour les gens de peu). Cela aura lieu le samedi 9 mai prochain à 20h30.

Carte-Masgot.jpg
Masgot, c'est sur la commune de Fransèches, entre Aubusson et Le Moutier-d'Ahun dans la Creuse...

       Je donne à la suite le plan que j'ai rédigé pour l'association des Maçons de la Creuse, animée notamment par Roland Nicoux, afin qu'on se fasse une petite idée de la tournure de cette conférence (que devraient accompagner pas moins de 190 photos... Mais j'ai sans doute compté trop large!):

François Michaud

Premier d'une tradition de créateurs autodidactes d'environnements en plein air 

         Il s'agit de resituer le décor du village de Masgot du tailleur de pierre François Michaud dans le contexte général des environnements populaires spontanés qui ont fleuri en France depuis deux siècles au moins. Ces créateurs d'environnements sont parfois aussi appelés « Inspirés du bord des routes », « bâtisseurs de l'imaginaire », ou encore « habitants-paysagistes ». L'environnement de Michaud, avec ses statues exposées sur les clôtures autour de ses maisons, est actuellement le plus ancien de ce type à avoir été conservé en France.

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Cave sculptée de Dénezé-sous-Doué (Maine-et-Loire), XVIe ou XVIIe siècle

         La causerie, constamment illustrée d'images numérisées (190 au total) s'attachera d'abord à présenter les environnements ou les sculptures populaires qui ont été repérés avant la période où fut décoré Masgot, grottes sculptées, croix de chemin, chapelle naïve d'un sculpteur solitaire prés de Gap, linteaux rustiques, bas-relief, sculptures par d'autres tailleurs de pierre et hommes du peuple, etc...

          Nous glisserons ensuite vers la présentation de quelques œuvres de Michaud histoire de se les remettre dans l'œil avant de montrer un ensemble aussi vaste et varié que possible d'autres pièces créées dans des jardins d'inspirés et d'originaux en tous genres. Dans un premier temps, la causerie se focalisera sur des thématiques, les « Barbus Müller », ou le thème de la sirène par exemple, présente dans l'œuvre de Michaud et souvent traitée dans plusieurs autres environnements apparus au XXe siècle (chez Fernand Châtelain dans la Sarthe, Hippolyte Massé aux Sables d'Olonne, René Escaffre dans le Lauragais, Martial Besse dans le Tarn-et-Garonne, René Jenthon dans l'Allier, Alfonso Calleja sur le bassin d'Arcachon, ou Remy Callot dans le Nord).

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Sirène de Martial Besse à Bournel (Lot-et-Garonne), ph.Bruno Montpied, 1991 (le site a aujourd'hui disparu)

         Napoléon est un autre thème très présent à Masgot, il rejoint la légende napoléonienne telle que l'ont illustrée de nombreux sculpteurs populaires, anonymes ou non, au XIXe siècle (comme le sabotier Jean Molette dans le Rhône par exemple). Cette façon d'afficher ses admirations pour des personnalités célèbres en sculptant leurs effigies dans le décor de sa vie quotidienne se rencontre chez nombre de créateurs d'environnements, et ce de tous temps (voir les environnements de Gabriel Albert en Charente, Emile Taugourdeau dans la Sarthe, Raymond Guitet dans l'Entre-Deux-Mers). Il est à noter que de nombreux sculpteurs autodidactes ont aussi taillé des monuments aux morts, de façon naïve, comme Michaud lorsqu'on lui passa commande d'un buste de Marianne pour la mairie de Fransèches. Une sélection de quelques monuments aux morts naïfs sera ainsi présentée.

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Monument aux morts dû à Claude Morillon, tailleur de pierre, à Vallenay (Cher), ph.B.M., 1998

          Une petite parenthèse sera ouverte pour présenter également les sites naïfs ou bruts réalisés par des ecclésiastiques excentriques, contemporains de François Michaud, comme l'abbé Fouré dans l'Ille-et-Vilaine, ou l'abbé Paysant dans l'Orne. On les rapprochera de l'humble mystique que fut Raymond Isidore, dit Picassiette, au siècle suivant.

         Le Palais Idéal de Ferdinand Cheval dans la Drôme sera l'occasion de montrer que les autodidactes inspirés ont su aussi s'attaquer à des projets plus nettement architecturaux. S'inspirant parfois les uns des autres, comme dans le cas de Charles Billy dans le Rhône qui, inspiré par le facteur Cheval, dressa autour de sa villa un vaste collage de maquettes en pierre imitant des bâtiments célèbres du monde entier. L'architecture excentrique populaire peut parfois revêtir des aspects tour à tour muséaux (exemple du Castel Maraîchin à Croix-de-Vie en Vendée avec ses moulages à vocation pédagogique et encyclopédique, ou la maison de François Aubert dans le Cantal avec son musée minéralogique), ludiques (Camille Jamain en Touraine, ou Ludovic Montégudet dans la Creuse, créateurs de parcs de loisirs bricolés naïvement avec attractions faites main), parfois farceurs (Alphonse Gurlhie en Ardèche).

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L'Etang Fleuri réalisé par Ludovic Montégudet à Lépinas dans la Creuse, carte postale de 1969

         Parmi les créateurs d'environnements, la causerie a choisi de se concentrer sur les créateurs de statues puisque Michaud en a lui-même réalisé un certain nombre. Ces hommes simples rassemblent sur des terrains plantés d'arbres et de fleurs, dans une scénographie étudiée, pêle-mêle, hommes célèbres ou personnifications de métiers, comme chez André Hardy dans l'Orne, Charles Pecqueur ou Léon Evangélaire dans le Nord, Marcel Debord dans le Périgord.

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Léon Evangélaire à Pont-à-Vendin, Pas-de-Calais, ph.B.M., 2008

         Puis la causerie se déplacera insensiblement vers des environnements aux styles plus caractérisables dans le sens de ce que l'on appelle l'art brut, permettant au public de se faire une idée des distinctions possibles entre ces catégories aux limites poreuses que sont l'art naïf, l'art populaire et l'art brut. On verra ainsi des pièces venues des sites d'André Morvan dans le Morbihan (souches d'arbres et branches assemblées de manière anthropomorphe dans un style arcimboldesque), Jean Grard et ses manèges, statues et maquettes colorées et enfantines en Bretagne, Arthur Vanabelle dans le Nord avec ses canons et ses chars construits avec des matériaux recyclés afin semble-t-il d'exorciser le souvenir de la guerre vécue lorsqu'il était enfant, les statues de silex collés de Marcel Landreau à Mantes dans les Yvelines, le jardin de déchets accumulés de Bohdan Litnianski dans l'Aisne, le jardin aux girouettes et vire-vents de Monsieur P. en Vendée, le jardin du forgeron Maurice Guillet faisant de l'art moderne en autodidacte, ambition originale, ou encore le jardin de bidules emberlificotés d'Yves Floch en Normandie. Pour finir, seront présentées quelques sculptures d'Auguste Forestier qui en dépit du fait qu'elles sont rangées usuellement dans le corpus de l'art brut présentent de forts rapports de cousinage avec l'art populaire.

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Saynète sculptée par Jean Grard à Baguer-Pican, Ille-et-Vilaine, ph.B.Montpied, 2001

     

28/03/2009

Un meneur

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Bruno Montpied, Un meneur, 21x15 cm, 2009

02/03/2009

Dessins du sciapode à la Halle Saint-Pierre

    Prévue pour débuter le 3 mars, il y aura bientôt une exposition intitulée "A chacun son dessin" à la Halle Saint-Pierre, dans l'espace consacré à des présentations quelque peu alternatives, à des essais si l'on veut (sur place, ils appellent cela la galerie). Et l'éternel débutant que je suis se trouve donc fort aise de se retrouver présent dans cette sélection de dessins (des encres dans mon cas), en compagnie de sept autres dessinateurs. Le vernissage est programmé pour le 24 mars, le même jour que le vernissage de la double exposition Michel Macréau-Anselme Boix-Vives qui commence à cette date. Rendez-vous est donné aux amis qui aimeraient se rendre compte plus physiquement - si je puis dire - de mes travaux, car le virtuel, ça va bien un temps...

A CHACUN SON DESSIN 

Exposition collective
du 3 au 30 mars 2009

Jean-Michel CHESNE • Annie COHEN • Caroline DEMONGEL 

Jean DEMELIER • Joseph KURHAJEC • Bruno MONTPIED

Jude MORNIER • Sylvia K. REYFTMANN

Bruno Montpied,Le château qui prend vie, 2006.jpg 

Bruno Montpied, Le Château qui prend vie, 30x37cm, 2006 

Galerie Halle Saint Pierre
2, rue Ronsard - 75018 Paris
Entrée libre.Tous les jours de 10h à 18h
Renseignements : 01 42 58 72 89 

(En partenariat avec le Salon du dessin contemporain)

A.Boix-Vives, Trois personnages, 80,8 cm X 109 cm,1964.jpg
Anselme Boix-Vives, Trois personnages, 80,8x109 cm, 1964
    Pour le vernissage, les animateurs de la Halle Saint-Pierre exigent le carton d'invitation ci-dessous inséré. Imprimez-le, et ainsi, vous n'aurez pas de souci pour entrer, car Samson est  plus inflexible que le gardien des Enfers... Par la même occasion je montre aussi le carton officiel d'annonce de l'exposition que j'ai détourné ci-dessus en y insérant un dessin à mézigue.
A-chacun-son-dessin,-carton officiel, mars 09.jpg

16/02/2009

L'aube

    Voici ma première "oeuvre" répertoriée, ou plus exactement, conservée. Un travail en gommettes collées d'un doigt appliqué qui remonte à la maternelle de la rue du Pierrier à Saint-Cloud dans les années 50. Les êtres humains et les insectes, c'était tout comme, selon mes mains et mes yeux d'enfant, puisque que ce bonhomme a six membres. Il avait comme une boule dans la gorge... Et deux yeux différents (ce qui était, est toujours, la vérité). Son chapeau ressemblait à un sombrero, goût inconscient pour un Mexique imaginaire?

Sans titre, Bruno Montpied, vers 1958.jpg

02/02/2009

La Terre vide

    Prophétie facile? Toujours est-il que ce paysage assez rare sous mes crayons ou pinceaux ou rapidographes me parut terriblement vide, n'appelant décidément, malgré mon désir de le repeupler par de la faune, de la flore fantastiques, aucun habillage, aucun remplissage. Cette perspective de dunes stériles, brunes, sépia, blanches, grises, rare elle aussi dans ma production (je ne dessine pas en 3 D, je n'en ai pas le don), se devait de rester vide, ondulant doucement sous une lumière pauvre. Et les quelques homuncules, débris divers et tour solitaire qui malgré tout se parsemèrent selon un ordre nécessaire à l'équilibre des formes ne font rien pour animer la scène. Ils sont plantés, mornes au milieu du désastre qu'ils ne peuvent que constater avec fatalisme.

La Terre vide, crayons et encre sur papier, 21x29,7cm,2008, Bruno Montpied-.jpg
Bruno Montpied, La Terre vide, 21x29,7cm, 2008

 

17/01/2009

Autoportrait cauchemardesque

    Autre expérimentation, la photographie numérique modifiée. Un "Baron Samedi" (inspiré du panthéon vaudou) surgit tout à coup...

Baron Samedi 1, mars 2008 (autoportrait modifié).jpg
Bruno Montpied, Baron Samedi I, photographie numérique modifiée, 2008

30/12/2008

Un album d'images en étrennes virtuelles

   Voici un petit album concocté avant que l'année brûle ses dernières gouttes de suif.

Bruno Montpied, dessins encre, mine de plomb et pastel, 2008
(l'album peut aussi se lire, à une taille légèrement plus grande, dans la colonne de droite de ce blog, voir à ALBUMS PHOTOS)

06/12/2008

Land art modeste

    Voici un clown surgi de coquelicots alliés à une coquille d'escargot et un débris difficile à identifier qui lui trace un sourire en coup de sabre... Puis, plus bas, un chien de l'enfer, trés échevelé, très hirsute (pour faire de de l'hir-zutisme). Ce sont là passe-temps fort agréables, préférables à toutes autres tâches, surgissant du désoeuvrement, en l'occurrence dans un jardin à Olonne-sur-Mer, chez le sieur François Letourneau, grand observateur d'escadrille d'oiseaux le soir entre chien et loup, cet été enfui après tous les autres (les étés fuient plus vite que toute autre saison)... Ces assemblages éphémères -land art du pauvre, quoique sincère, et on l'espère, primesautier- lui sont dédiés.

Le clown,assemblage éphémère, Bruno Montpied, 2008.jpg
Clown, assemblage éphémère de débris trouvés, ph. Bruno Montpied, 2008
Le cjien ou le grand Méchant Loup,assemblage éphémère de débris trouvés, Bruno Montpied, 2008.jpg
Le chien ou le grand Méchant Loup, assemblage éphémère de débris trouvés, ph.B.M., 2008

01/12/2008

Sciapode en centre de redressement

     Spéciale dédicace à une chercheuse d'acrobaties qui passe de temps à autre par ce blog quêtant quelques pirouettes, cette petite animation fort embryonnaire je le reconnais:  Sciapode en redressement.gif

26/09/2008

Cramoisi

    Survenu ces temps-ci ce "psychopathe" jouant à la poupée, un roi de la manipulation?

Bruno Montpied,Le psychopathe et ses jouets, 2008.jpg
B.Montpied, Le psychopathe et ses jouets, 15x21 cm, encre, mine de plomb et stylo, 2008

21/09/2008

Les Nefs des Fous (4)

    Lancer un esquif que l'on a bricolé de ses petites mains potelées sur le bassin d'un parc, suivre ses trajectoires sur l'onde en tremblant de devoir le perdre, qu'il s'abîme... Y inscrire de toute la force de son âme ses rêves, ses espoirs, s'y projeter afin qu'il nous prolonge et nous grandisse... Qui ne comprendrait ces désirs d'enfants? Il était un petit navire...

Le Petit Bateau,album de Kathy Henderson, Ed.Kaléidoscope.jpg
Couverture d'un album de littérature jeunesse 

    Le bateau parfois informe que ses mains agrippent avec fragilité et fébrilité, l'enfant le voit peut-être comme une autre modalité de la chose qu'il suçotait il y a peu encore, ce doudou malaxé et déchiqueté à force d'amour.

      Portrait de Mona au doudou, ph.B.Montpied,2008.jpg           Portrait de Colin au doudou,ph Philippe Lalane, 2008.jpg
Mona et son doudou, ph B.Montpied, 2008        Colin et son doudou, ph Philippe Lalane, 2008
Le Doudou de Colin sans Colin,ph.Philippe Lalane,2008.jpg
Résultat: le doudou sans Colin, ph.P.Lalane, 2008

     Ces adultes qui jouent aux miniaturistes, se délectent à confectionner des maquettes, et ont prolongé vaille que vaille ces désirs enfantins. Ils lancent leurs esquifs comme bouteilles à la mer, messages envoyés vers un avenir imaginaire qui les sauverait de leur finitude. N'est-ce pas ce qui nous touche avant tout dans ces bateaux bricolés, sculptés avec amour dans l'art populaire, brut, singulier? Voici une nouvelle moisson de pièces repérées depuis nos précédentes notes (retrouvables en cliquant sur la catégorie "Marine populaire et singulière"):

Bispo de Rosario,une maquette de bateau, extrait du site web de l'Aracine.jpg
Bispo de Rosario, une de ses maquettes, extraite du site web de l'Aracine
Broderie populaire anonyme, coll.Frédéric Lux.jpg
Broderie populaire anonyme, acquisition Frédéric Lux
Peinture naïve anonyme, coll. privée, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Peinture naïve anonyme (signée "Al.M."), Souvenir de Sainte-Adresse, La Touraine ; coll privée, ph.B.Montpied
 
Gabare de la Loire portée en procession, cl.Bruno rousseau, Service de l'Inventaire Maine-et-Loire.jpg
Maquette de gabare de la marine de Loire, portée dans les processions religieuses (1835-1839), extrait du Dictionnaire des Objets de Dévotion, cliché Bruno Rousseau, Service de l'Inventaire
Gilles Manero,un bateau,ph.B.Montpied,2008-m.jpg
Gilles Manero, un navire en matériaux récupérés et modelages, ph.B.M., 2008
B.Montpied, Une histoire de pointé et de pointure, 2004.jpg
B.Montpied, Une histoire de pointé et de pointure, 2004
Détail d'un environnement spontané dans l'Ouest de la France, Proxima Centauri, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Un trois-mâts nommé Proxima Centauri dans un environnement spontané de l'Ouest (sur lequel nous reviendrons bientôt), ph.B.Montpied (Merci à François Letourneau pour la communication de ce site)
Joseph Donadello,d'étail d'une fresque avec le bateau Victoire, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Joseph Donadello, détail de son environnement à Saiguède (Hte-Garonne), le bateau Victoire, fresque et bas-relief à l'entrée de sa propriété, ph.B.M., 2008
Joseph Donadello,maquette de bateau dans son jardin, Saiguède, ph.B.Montpied.jpg
Joseph Donadello, maquette de bateau en ciment peint et autres matériaux récupérés, ph.B.M., 2008
Joseph Donadello,maquette du bateau MN 814, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Joseph Donadello, autre maquette de bateau, "MN 814", dans le jardin
Dessin final de Patrick Benson pour l'album de Kathy Henderson, le Petit Bateau, 1995.jpg
Dessin Patrick Benson pour Le Petit Bateau de Kathy Henderson (éd. Kaléidoscope, 1995)
 
 
 

01/09/2008

Un document rare

    Ci-dessous, comme il y est inscrit, un "document rare" retrouvé dans mes dessins relatifs au frottage, technique qu'il ne faut pas rougir d'employer encore, puisqu'elle est entrée dans l'arsenal des outils au service du rêve tangible, comme le collage, le brûlage, la décalcomanie, etc.

Frottage à la mine de plomb,Bruno Montpied, 2002 .jpg
Bruno Montpied, (document rare - frottage de Max Ernst lorsqu'il avait 8 ans), 15 x 21 cm, mine de plomb, 2002

27/07/2008

Le monde est une toile constamment peinte

   Le 14 juillet, la population descend danser et va voir le feu d'artifice. On se pose sur le pont où l'on est bien placé pour assister au grand spectacle pyrotechnique qui sera donné (pour l'occasion à Montauban). La foule, relative, s'agglutine gentiment au parapet, aux réverbères et attend sagement. Lorsque la nuit est enfin bien noire, aux environs de 22h30, sur le fond d'encre, les tirs commencent. Pas de cris, pas de soupirs collectifs cette fois-là. Le public assiste dans un silence étonnant au spectacle des gerbes et des bouquets éclatants, aussi multicolores qu'éphémères.

Feu-d'artifice,Montauban, ph B.Montpied, 2008.jpg
Montauban, ph.B.Montpied, 2008

    Ils regardent avec acuité, ne loupent pas la moindre étincelle. Dans le ciel nocturne, analogue à la toile de fond du sommeil où les rêves et les cauchemars se déploient, toutes sortes d'images crépitent, dans le bruit (assourdi) et l'éclat scintillant des fusées, des araignées de fumées dont les panaches s'évanouissant semblent semer des figures fantômatiques que l'appareil photo peine à capter-capturer... La même foule qui n'ira jamais voir une seule exposition dans le musée Ingres tout proche (les gerbes se peignent dans le ciel au-dessus de lui, du violon caché de monsieur Ingres...) assiste religieusement au spectacle éphémère des grands bouquets de lucioles et sillages de couleurs enflammées. La taille du spectacle, aux dimensions du paysage, art créé sur la toile de fond du monde, absolument immédiat (l'oeuvre se dissout dés l'instant où elle apparaît), est peut-être la raison de l'engouement populaire. Ce plaisir éphémère, cette conscience qu'il ne faut pas en manquer une miette, qu'il faut le vivre intensément au moment fugace où il se déploie, cela fascine sans doute. Et puis il y a la beauté des dessins dans le ciel, analogue à celle qu'on trouve dans l'art en deux dimensions, comme un créateur anonyme -déjà montré sur ce blog- l'avait en son temps évoqué (rare exemple à ma connaissance de tentative de représenter en le figeant un feu d'artifice ; intelligemment, l'auteur y a ajouté les figures fantastiques que sa fantaisie a cru y deviner).

Anonyme (Robert Roseff), ph B.Montpied.jpg
Anonyme (Robert Roseff?), 50x65cm, coll.privée, Paris, ph.B.Montpied
Feu d'artifice Montauban, ph B.Montpied, 2008.jpg
Montauban, ph B.M., 2008

    L'art se fait partout à tout moment par la grâce de notre imagination, et de nos perceptions. J'aime assez le projet pictural qui consiste à mêler aux reflets du monde réel les projections de nos fantaisies intérieures, tel que cela s'effectue, par exemple, dans l'art naïf au réalisme poétique injustement sous-estimé par les tenants de l'art brut (mais un heureux revirement se dessine depuis quelques années).

B.Montpied, Les nuages peintres,la neige peintre, le paysage peintre, 1996.jpg
B.Montpied, Les nuages peintres, la neige peintre, le paysage peintre, 8x26 cm, 1996

26/07/2008

Inspirés du bord des routes

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B.Montpied, Inspirés du bord des routes, 21x26 cm, 2008

14/07/2008

La Déglinguée

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B.M, La Déglinguée, aquarelle, encre et crayons de couleur, 13X18 cm, 2008

08/06/2008

Tout un programme...

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Bruno Montpied, Plusieurs fers au feu, 18x24 cm, aquarelle et encre sur papier, 2008

19/04/2008

Champ de bataille du rêve, je me mets sur les rangs

Je pars en guerre (gentille guerre, pas du tout armée, je reste tout de même antimilitariste, je suis plutôt du genre Don Quichotte et non pas Don-Qui-Shoote) contre l'art singulier des Têtes à Toto sous-chaissaquiennes (voir le récent numéro, le n°29 d'avril 2008, de Création Franche). On dira, mais qu'est-ce qu'il préfère ce Montpied? Il croit que ce qu'il peint, c'est mieux que les autres? Il se prend pas pour de la m... (etc.). alors, faut voir, faut se documenter. Faut que je vous montre quelques échantillons de ce qui sort de mes pinceaux, de mes marqueurs et de mes rapidographes. Je mets en ligne à partir d'aujourd'hui un album (voir colonne de droite) de mes peintures. Et puis, pour accompagner cette exposition virtuelle, j'y ajoute un texte d'un vieux camarade de lycée, retrouvé récemment et qui m'a livré quelques notes spontanément devant l'encre ci-dessous reproduite.

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B.Montpied, Champ de bataille du rêve, 30x 40cm, 2006 (veuillez cliquer sur l'image si vous voulez l'agrandir, et améliorer sa précision...) 

              Une guerre un peu fantoche, mais inquiétante pourtant. Un cirque. Un jeu de cache-cache. Un rébus.

            Des réminiscences de Miro ? Dubuffet ? Van Gogh ? Buster Keaton ? Bosch déplacé ? Ernst en moins inquiétant ?   

         Les personnages ont l’air transi d’être regardés ? Epinglés ? Une collection ?

             Des travestissements.  Des animaux.

             Peu de personnages vraiment inquiétants.  

             Un art des chapeaux.

             Tous en équilibre (les uns sur les autres), sur des fils, enchaînés ; et pourtant les personnages ont l’air d’être installés.

             Sont-il convoqués pour un passage en revue avant de partir à la bataille, de conjuguer leurs forces, leur étonnement, de fuir séparément.

             Des guetteurs aussi? Des fanions. Un avion ?

             Une telle profusion de personnages (les monstres sont humanisés) sans que ça s’alourdisse, soit étouffant (diversité des tailles ; quelques lavis de couleurs). Des cycles de métamorphose. Une femme retournée. Un jeu récurrent avec les extrémités des corps, des personnages … ça se prolonge, s’étend, englobe, se suspend.

            Thierry Tricard

13/01/2008

L'Enfer plus que jamais

   

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Veuillez cliquer sur l'image si vous voulez mieux la voir...

    Désolé pour tous ceux qui la trouveront déjà "archi-vue et revue", mais j'ai la faiblesse cette nuit de mettre en ligne sur mon petit blog, fenêtre ouverte à tous les vents arachnéens du virtuel, une petite peinture de moi de l'année dernière... Qui l'aime, la suive... Son titre: L'Enfer plus que jamais, technique mixte comme on dit (beaucoup d'encre), et faisant partie d'une série, non terminée à ce jour, intermittente, que j'appelle "échantillons".

20/11/2007

L'ange du bizarre, l'art immédiat par l'exemple

   Plutôt que chercher indéfiniment une définition qui tendrait au catégorique, pourquoi ne pas donner un exemple d'art immédiat comme il apparaît, tel un éclair, sans coup férir, au tournant du moment?

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B.Montpied, L'Ange chauve va tirer sa flèche, assemblage, 2007 (oeuvre détruite)

 

   Cet ange chauve, confectionné en pensant à autre chose (je ne faisais pas semblant de penser à autre chose, je vous prie de croire à ma sincérité), à partir d'un bâton d'esquimau (on a les Inuits qu'on peut...), d'une serviette en papier et d'une paille à l'esthétique Buren involontaire, et quelques traits de stylo à bille (qui est la seule activité interprétative qui aide à lire ce que je voyais dans l'objet), est venu aussi vite qu'il est reparti... Car je l'ai ensuite jeté, après l'avoir dûment photographié. Crise du logement oblige... Art immédiat, mystère de ce personnage né de la dernière pluie véritablement, cousin des sculptures involontaires que Dali recense, si mes souvenirs sont bons, dans un célèbre article de la revue Minotaure. Il tient un semblant d'arc, qui est aussi un noeud certes (il le tient? Ou plutôt ce dernier est suspendu à sa taille, les bras étant atrophiés...) La psychanalyse n'a plus alors qu'à jouer sa petite musique qui va toute seule... (arc, Eros ; noeud, phallus ; bras atrophiés, castration ; etc...). Rien n'est décidément plus risqué que le dessin, ou l'assemblage, automatiques...

28/10/2007

Le boucher de la rue du Chemin Vert

"Je crois que, dans une grande ville surtout, il faut que les tueries et les boucheries soient dispersées. On peut en apporter une infinité de raisons ; mais celle qui me frappe le plus est tirée de la tranquillité publique. Chaque boucher a quatre garçons ; plusieurs en ont six ; ce sont tous gens violents, indisciplinables et dont la main et les yeux sont accoutumés au sang. Je crois qu'il y auroit danger à les mettre en état de se pouvoir compter ; et que si on en ramassoit onze à douze cents en trois ou quatre endroits, il seroit très difficile de les contenir et de les empêcher de s'entrassommer. Mais le temps amène même des occasions où leur fureur naturelle pourroit se porter plus loin..."

Diderot (cité par François Cali dans Dictionnaire Pittoresque de la France, éd. Arthaud, 1955)  

 

   Le boucher de la rue du Chemin-Vert n'avait pas le visage classique des bouchers tels qu'on se les représente spontanément (tête massive, joues couperosées, lèvres charnues et sensuelles, yeux injectés de sang et vaguement porcins, gueule de tueur).eed9b08fc32988bc319654e23d6eaaa4.jpg Il avait plutôt la tête d'un intellectuel, et plus précisément la tête d'un artiste. C'est-à-dire une tête déroutante et originale. Il en est de léonines, avec des crinières perpétuellement soufflées par des tempêtes cérébrales (Eisenstein, Beethoven), des chevelures électrisées (Chagall), il en est avec des crânes hypertrophiés (Verlaine), etc. Ce sont là têtes d'artistes appartenant aux clichés de la célébrité.
   Mais il y a aussi les têtes des artistes plus ordinaires, plus besogneux. Celle du boucher de la rue du Chemin-Vert faisait partie de ces dernières.
   Elle ressemblait à une tête d'écrivain connu, celle de Jacques Laurent, tête assez malingre en vérité, tête d'employé de bureau ou d'épicier, mais d'un épicier qui aurait mené une double vie, celle d'écrivain précisément, en cachette de l'épicerie.
…Voilà, c'était ça, mon boucher menait une double vie. Son visage en portait les stigmates. Sans doute même avait-il dû souffrir davantage que Jacques Laurent. Deux rides profondes, deux ravines plutôt, séparaient son nez de ses joues. Ses yeux étaient cernés. On le sentait animé d'un désir patient et passionné. Quel en était l'objet?  
   La présentation la plus raffinée et la plus parfaitement nettoyée de la viande qu'il vendait ! Il fallait voir comme il tranchait, taillait, disséquait ses carcasses avec dextérité, précision et méticulosité. Sa rigueur faisait merveille. On le sentait amoureux surtout de précision. Peut-être avait-il raté sa vocation. Il aurait dû être horloger ou orfèvre. Le diamant qu'il taillait quotidiennement, c'était tel ou tel quartier d'entrecôte. Quelle satisfaction discrète et modeste se peignait alors sur son visage lorsqu'il posait la pièce préparée avec soin pour son client sur la feuille de papier rose qu'il posait à son tour sur la balance, jugeant l'aiguille de cette dernière comme si elle était chargée de lui communiquer la mesure de son talent ! 
   C'était une sculpture poursuivie morceau après morceau. Son travail d'équarrissage, légèrement obsessionnel, qui consistait à réduire une tranche de viande aux harmonieuses proportions de gras et de maigre qui feraient d'elle le chef d'oeuvre attendu par le client, ce travail avait à son tour modelé son visage. L'amour des synthèses et de la stylisation s'y laissait désormais deviner, creusant de fines rides tourmentées. Le boucher poursuivait les mêmes buts que l'artiste qui cherche d'année en année à parfaire la maîtrise de son art : trouver l'expression la plus profonde et en même temps la plus dépouillée, la plus épurée. Un peintre va ainsi souvent vers un langage de plus en plus sobre au fil des années. Jusqu'où peut aller un boucher ? Jusqu'où peut-il épurer son beefsteak ? Jusqu'à la dernière fibre ? Le plus pur des tendons ? Et exposer sur un socle tendu de papier rose la forme la plus aboutie de son travail acharné d'élagage,  cet ultime fil de chair écarlate prêt à vibrer sous l'archet de notre appétit carnivore comme la corde de l'arc sous l'archet de la flèche qui  va filer vers le gibier ? Peut-être qu'une fois retourné à sa solitude, après la fermeture de son magasin, loin des clients, le boucher continue son travail, pour son seul plaisir. Et qu'il sculpte dans les chairs pantelantes. Son visage d'artiste méconnu.
   (1982-1993-2007)
  

27/10/2007

Le vingt-huitième numéro de "Création Franche"

 

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  Le n°28 de la revue Création Franche, qui paraît apparemment deux fois l'an, vient de sortir (numéro de septembre). Au sommaire, toujours une suite d'articles sur des créateurs variés, avec ce principe maintes fois réaffirmé auparavant par le rédacteur en chef Gérard Sendrey (artiste et deus ex machina du musée éponyme de la Création Franche, situé comme on sait au 33, ave du Maréchal de Lattre de Tassigny, 33130 à Bègles ; c'est aussi à cette adresse qu'on peut se procurer la revue (8€ le numéro), voir également ici le site du musée), on ne doit y parler que des vivants... Cependant, cette fois, il y a des petites entorses à la règle (mais elles sont justifiées). On parle dans ce numéro (article de mézigue, Bruno Montpied, un habitué des entorses...!) d'environnements spontanés datant "d'avant le facteur Cheval" (François Michaud, Jean Cacaud, la cave des Mousseaux à Dénezé-sous-Doué, une maison sculptée en Margeride, l'abbé Fouré -pas tout à fait d'avant le facteur Cheval celui-ci, c'était en fait un contemporain de Ferdinand- et surtout d'un certain Louis Licois et de son bas-relief très naïf à Baugé dans le Maine-et-Loire).

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Bas-relief de Louis Licois à Baugé (1843), inscription: "J'ai réussi grâce à l'Etre Suprême", (Photo B.Montpied)

   Gérard Sendrey lui-même  pratique aussi l'entorse à ses propres principes puisqu'il évoque dans ce numéro 28 la mémoire des magnifiques dessins tourmentés de Swen Westerberg, le défunt époux de Claude Brabant de la galerie l'Usine à Paris (qui défend depuis tant d'années la création imaginiste de tous bords). Il faut dire que ce principe ne s'applique pas, me semble-t-il, à des créateurs qui sont passés au milieu de nous furtivement et sans trompettes. La renommée n'a pas eu le temps d'apprendre leur existence que déjà ils s'éclipsaient. Et ils avaient très mal su faire leur propre publicité, ce qui est le péché des péchés au jour d'aujourd'hui... Autant dire que l'époque regorge encore plus que les précédentes de créateurs originaux que l'on n'a pas su remarquer. Swen est incontestablement de ceux-là. Les dessins que publie ce numéro de Création Franche, et qui ont déjà fait l'objet d'un livre édité par Claude Brabant dans le cadre de sa galerie (avec 270 dessins reproduits), datent apparemment des années 60. Moi qui ai fréquenté la galerie dans les années 80, je n'avais pas eu vent de leur existence, les dessins que j'avais alors vus ne m'ayant pas autant intrigué. L'auteur n'avait alors peut-être plus l'envie de les montrer.

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Dessin de Swen (veuillez cliquer dessus si vous voulez agrandir l'image)

    Joseph Ryczko, un vieux de la vieille dans ces domaines des arts buissonniers, nous fait découvrir des dessins très ornementaux d'une nouvelle au bataillon, Gabrielle Decarpigny, qui paraît vivre du côté des Pyrénées, dessins fort séduisants si l'on en juge par ceux qui sont reproduits ici.

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Gabrielle Decarpigny, dessins reproduits dans Création Franche

   Trois plumes venues de la Collection d'Art Brut de Lausanne, Sarah Lombardi, Lucienne Peiry et Pascale Marini occupent également le terrain de ce numéro avec des articles sur Rosa Zharkikh, sur les "travaux de dames", les textiles de l'art brut, et sur Donald Mitchell (il m'ennuie un peu celui-ci, déjà aperçu à Montreuil du côté d'ABCD il me semble...). Et que je n'oublie pas de mentionner un article également de Dino Menozzi sur l'artiste Tina San , Menozzi sur qui je reviendrai dans une note suivante de ce blog.

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Juliette Elisa Bataille, Vieille maison de Montmartre, 1949 (Photo Olivier Laffely, Coll.de l'Art Brut, Lausanne, publié dans le n°28 de Création Franche, article de Lucienne Peiry)

    Ce Création Franche est un numéro peut-être un peu plus bref que de coutume mais il contient des textes et des images qui apportent du nouveau et auront peut-être ainsi quelque chance de revenir nous hanter. 

27/06/2007

Soupe au lait soupesant, Funambule et petit lutteur, Jardin des Déshespérides...

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Bruno Montpied, "Soupe au lait soupesant", 2005, (25x30cm)

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 B.M, "Funambule et petit lutteur", 2000, (18x24)
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B.M., "Le Jardin des Déshespérides", 2003, (30x40)

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B.M. "Au pays couleur de grenouille", 2001, (38x46)